FORÊTS
Résidence de création
Programmation
Propos
En préambule, le projet Forêts, s’inscrit en continuité des travaux menés par Julien Monty au sein du collectif Loge 22.
Les membres du collectif ont tenté une percée formelle dans les méandres de la création contemporaine. Ils se sont attachés à développer un style chorégraphique singulier dont le seul sujet était la danse même.
La danse prise comme un phénomène manifeste et dont la portée perceptive impact les sens et les émotions du spectateur, vecteur cinétique en deçà de la parole, au-delà du geste.
Note d’intention
L’idée première est plutôt simple : délivrer simultanément une partition chorégraphique et des textes dits. Le lieu de restitution idéal : la lisière d’une forêt.
Pour Forêts, il y a l’idée de faire l’expérience d’une simultanéité, c’est-à-dire de donner du sens à deux espaces en même temps. Celui du corps qui bouge, en s’inscrivant dans une tâche bien précise, et celui du corps qui parle, en se positionnant dans l’énonciation du texte.
La danse m’apparait comme étant à l’orée de la parole, son mutisme révèle à lui seul tous les possibles, ramifications et branchages touffus. La danse semble muette non pas parce que la voix lui manque, la voix est toujours là, à l’affut, rentrée dans le corps, mais parce qu’elle ne dit rien et qu’elle ne veut rien dire. Elle est simple expression. Mouvement qui pousse au-dehors. Elle est rituel, elle est collective et individuelle. Elle montre sans démontrer. Elle annonce, elle clame force et faiblesse. Bouleversé, de situation en situation, le corps mu par l’élan ouvre des notions, des images hurlantes.
Avec Forêts, je désire ouvrir des potentialités expressives, dans un même mouvement, langage, voix, gestes et signes à l’unisson. Je prévois de trouver un rapport labile entre deux partitions fonctionnant sur des modalités différentes - l’une convoquant l’ouïe, l’autre la vue -, un rapport nutritionnel réciproque. Le texte se déverse dans la danse, la danse maintient et contient la parole en concordance ou en discordance.
Pour le projet Forêts, il serait question de poser un geste envisagé comme son propre cheminement. Un geste qui se situerait entre le moyen et la fin. Un geste médiateur qui se soustrairait à une toute-puissance. En somme, une action posant la question de la violence des images et des discours tout en se méfiant des bonnes intentions. J’aimerais mobiliser ce geste-action comme une insurrection sourde, proche d’un renoncement, un élan, une impulsion, sans revendication aucune, hormis celle de la dignité humaine.
Julien Monty
"Dans le mouvement de ceux qui dansent, l’absence de but se fait chemin, le manque de fin devient un moyen, pure possibilité de se mouvoir, politique intégrale."
Giorgio Agamben
Distribution
Chorégraphie et interprétation : Julien Monty
Coproducteurs
Production : Collectif Loge 22
Partenaires : La Plateforme / Cie Samuel Mathieu - Format Ardèche
Remerciements au CND de Lyon
Parcours
Julien Monty
Diplômé du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris en 1997, Julien Monty intègre le Ballet de l’Opéra de Nice. En 1999, il quitte le monde du Ballet Classique pour rejoindre plusieurs groupes de danse contemporaine en Norvège et intègre la compagnie Carte Blanche installée à Bergen. De retour en France, il rejoint le Ballet Preljocaj pour deux saisons, puis le Ballet de l'Opéra de Lyon. Depuis 2001, il collabore intimement avec le chorégraphe François Laroche-Valière.
Parallèlement, Julien Monty cofonde en 2005 le Collectif Loge 22 à Lyon avec Marie Goudot et Michael Pomero. Ils créent une dizaine de pièces, d'événements chorégraphiques, et participent à la création d'une coopérative itinérante d'artistes européens : Spyder.
En 2010, il intègre la compagnie d'Anne Teresa de Keersmaeker, Rosas. Il participe comme danseur à la création de cinq de ses pièces dont la dernière en date Mitten wir im Leben sind.
Collectif Loge 22
Installé à Lyon, le Collectif Loge 22 est co-dirigé par Marie Goudot, Julien Monty et Michaël Pomero. Il s’agit d’un cadre de recherche et de création autour du mouvement, rassemblant des auteurs et des interprètes ayant travaillé avec des chorégraphes tels que Russell Maliphant, François Laroche-Valière ou encore Anne Teresa de Keersmaeker.
Conçu comme un laboratoire chorégraphique, le Collectif Loge 22 soutient une notion engagée politiquement : la coopérative. Avec cet esprit, 10 projets ont vu le jour, toujours initiés par un ou deux auteurs mais portés par l'ensemble des compagnons du collectif.
