

SUJETS
Cie Divergences - Sylvain Huc
Muret - Salle Alizé
Propos
« Vus sous un certain angle ces corps sont de quatre sortes. Premièrement ceux qui circulent sans arrêt. Deuxièmement ceux qui s’arrêtent quelquefois. Troisièmement ceux qui à moins d’en être chassés ne quittent jamais la place qu’ils ont conquise et chassés se jettent sur la première de libre pour s’y immobiliser de nouveau. »
Beckett, « Le dépeupleur ».

De simples corps dénués de toute sophistication en même temps qu’adroits et ouvragés… des bras ballants, des reins courbés, des déplacements à la précision et à l’imprévisibilité animale… Ces sujets se réduisent à l’état d’hominidés, spécimens d’une espèce humaine en voie d’extinction ou aux prémices de son évolution. On ne le sait pas et on ne le saura pas. Des sujets dans lesquels il n’y a personne comme le dit Beckett. Beckett d’ailleurs dont les corps du « dépeupleur » pourraient faire écho à ceux-là. Les premiers obéissent à des lois, une logique et une arithmétique insaisissables dans un espace informe, un espace intermédiaire, ni objectif, ni subjectif et dans lequel ils sont coincés. Ne se posent pas non plus le quand, le où, ni le pourquoi. Seul le comment se laisse envisager. Telle une fouille archéologique qui mettrait au jour les restes d’une humanité à venir, ce projet offrira au spectateur une mythologie inversée. Ces fragments d’humanité post-facebook ou pré-civilisationnels construiront un mythe à venir qui pourrait être ce que l’on nomme aujourd’hui anthropocène désignant le temps historique qui voit l’homme non seulement transformer sa planète mais laisser irrémédiablement sa trace dans les strates géologiques. L’espace du « dépeupleur » de Beckett est un lieu de pouvoir, de lois et de violence. Les corps y sont tour à tour normatifs ou fautifs sans pour autant être soumis à une quelconque morale clairement édictée. Ceux du « dépeupleur » encore, sont des corps non-humains, privés de langage et font des gestes qui ne leur appartiennent plus. Ils tendent seulement à être et cela semble déjà beaucoup. J’irai avec ces « sujets » très certainement m’échouer sur les mêmes terres que les corps « dépeuplés » de Beckett.

Distribution
Chorégraphie : Sylvain Huc
Interprétation : Gauthier Autant, Juliana Béjaud, Constant Dourville, Mathilde Olivares, Dan Vervoot
Créé avec : Gauthier Autant, Juliana Béjaud, Constant Dourville, David Malan, Mathilde Olivares
Assistant, lumière, régie son : Fabrice Planquette
Musique : Alessandro Cortini
Crédit photo : Loran Chourrau
Genre : Danse
Public : A partir de 16 ans
Durée : 1 heure
TARIF : Tarif C
Coproducteurs
Création pour le festival Montpellier Danse 2018
Coproduction : avec le soutien de Montpellier Danse 2018, résidence de création à l’Agora, cité internationale de la danse, avec le soutien de la Fondation BNP Paribas, de l’Usine Centre national des arts de la rue et de l’espace public (Tournefeuille / Toulouse Métropole), de La place de la danse CDCN de Toulouse Occitanie, des Hivernales CDCN d’Avignon, du GYMNASE / CDCN Roubaix - Hauts de France, de la Sala Hiroshima à Barcelone et de l’Institut Français Barcelone et de la SPEDIDAM.
Parcours
Après une formation universitaire en histoire et histoire de l’art où il achève un essai d’anthropologie politique en histoire grecque autour de « Bestialité, sauvagerie et sexualité féminine en Grèce classique », c’est de manière abrupte et inattendue que Sylvain Huc découvre la danse contemporaine. Il intègre alors la formation du CDC de Toulouse en 2003. Après un parcours d’interprète (Richard Nadal, La Zampa, Coraline Lamaison, Laura Scozzi…) il prend la direction de la compagnie Divergences en 2014. Son travail se caractérise par une approche avant tout physique et très attachée au corps plus qu’à la danse proprement dite. Sa première création, Le Petit Chaperon Rouge, pièce jeune public, jouée 250 fois en France et en Europe pose les bases d’un travail chorégraphique singulier qui privilégie le corps, ses états, sa consistance en interaction très forte avec le son et la lumière. Rotkäppchen, déclinaison adulte du même conte meurtrier, poursuit l’exploration de ce travail charnel entre érotisme et cruauté. Vient ensuite Kapput pièce pour quatre interprètes qui s’attache au motif de l’échec et du ratage. Enfin Boys don’t cry en 2016, trio masculin présenté aux Hivernales lors du Festival d’Avignon, explore le viril, ses injonctions, ses impasses et ses fragilités. Dans le prolongement de ce travail sur le masculin, Sylvain Huc crée Gameboy la même année avec un groupe d’étudiants Toulousains lors d’un laboratoire de recherche. Ce projet à la fois pédagogique, participatif et artistique acquiert aujourd’hui une dimension internationale en s’exportant et en intégrant des étudiants étrangers. S’il place bien le corps au centre de tous ses travaux, Sylvain Huc aime le mettre en relation avec un environnement délicat ou brutal. Il crée ainsi un tissu de sensations et d’émotions avec lequel le corps se déploie tour à tour savant ou sauvage. Lex, son futur solo sera présenté à Roubaix lors du festival Le Grand Bain en mars 2018. Le quintette Sujets sera présenté au festival Montpellier Danse 2018.Sylvain Huc est soutenu au sein du réseau des Centres de développement chorégraphique, en particulier par ceux de Strasbourg (Pôle Sud), Roubaix (Le Gymnase) ou Avignon (Les Hivernales) et Toulouse grâce auquel il bénéficie de l’accompagnement du réseau européen [DNA] Departures and Arrivals.