La compagnie

Chorégraphe et directeur artistique de la compagnie

Samuel Mathieu
Esthétiques

Samuel Mathieu

Nourri par son parcours d'interprète aux côtés de Régine Chopinot, Jean-Claude Gallotta, Robert Seyfried et Tomeo Vergés, Samuel Mathieu fonde sa compagnie en 2001 et fait ses débuts de chorégraphe. Interprète dans ses propres pièces, il signe également la bande son, la scénographie et la vidéo. En 2004, il crée et interprète Est-ce-O-Elle-O-solo, puis une série de pièces de groupe dont Us-Band et Go on !, dans lesquelles il instaure avec ses interprètes une relation de complicité.

À partir de 2008, son désir de partager avec des artistes étrangers, de voyager et de se nourrir d'autres cultures le mène tout d’abord en Allemagne, au Théâtre Vorpommern, où il chorégraphie Nord-Reich-Nord. Cet essai pose des principes d’écriture qui sont déclinés la même année dans Yan, un projet franco-chinois mené en France, puis au Japon en 2009 avec Généric-X.

« L’écriture des partitions chorégraphique et musicale devrait générer non seulement un entremêlement des disciplines et de leurs processus, mais aussi une rencontre déterminante en vue d’un objet commun qui exploserait le code et ferait place au corps… ».

Dès 2010, Samuel Mathieu invite le compositeur Maxime Denuc à réfléchir sur le lien musique-danse. Il propose deux projets autour du voyage d’Ulysse : Boutès puis L'Homme qui plonge pour lequel il est accompagné sur scène d'un quatuor à cordes. Suit la pièce Les Identités remarquables, une épopée portée par neuf interprètes en référence à L’Odyssée, qui devient l’œuvre magistrale de ce triptyque.

« Une pièce où la dramaturgie vient des corps. Aller au bout du mouvement, de façon solidaire, ne pas le contourner, bien au contraire ; tout en le partageant, le malaxer, le questionner, et le confronter pour en extraire le jus d’une universalité, d’un engagement physique ».

C'est dans cette continuité d'écriture, autour de l'engagement du corps, qu'en 2014 il signe R, une pièce pour 8 danseurs. Il revisite pour l'occasion une danse du sud-ouest, le rondeau, et l’interroge dans son contexte pour en extraire l'essence d'une nécessité.

Parallèlement à cette danse d’emphase, Samuel Mathieu mêle pour la première fois, en 2013, danse et arts numériques dans une pièce destinée au jeune public et inspirée des œuvres d'Yves Klein et de Pierre Soulages : La Dynamique des émotions.

Pour les pièces Monstres (2015) et Assassins (2016), créées respectivement en Lituanie et aux Pays-Bas, le chorégraphe creuse l’idée politique et décide de poser sur le plateau la question du pouvoir.

En 2017, dans Guerre, Samuel Mathieu fait le lien avec de nouveaux horizons, ouvre son propos aux arts du cirque et aux arts plastiques en mêlant l'œuvre d'Yves Klein aux enjeux de la scène.

Esthétiques

La danse de Samuel Mathieu se situe à mi-chemin entre une approche conceptuelle du propos qu'il souhaite défendre et un goût affirmé pour un objet final dansé au sens premier du terme. Dès ses premières pièces, il demande à ses interprètes un engagement physique fort… La physicalité est un mot qui revient souvent dans son discours de chorégraphe. Un mot qui englobe à la fois les notions de performance, d'exigence, de précision et de vitesse.

Par ailleurs, même si sa carrière de chorégraphe est ponctuée de moments d'introspection récurrents qui donnent naissance aux quelques soli de son répertoire, même s'il attache beaucoup d'intérêt à chacun des interprètes en tant qu'être humain, Samuel Mathieu aime le groupe, l'ensemble, la masse même, les entrecroisements, les enchevêtrements des corps. Avec le groupe, il va rechercher le rythme de ses pièces au travers d'une alternance entre des moments d'unisson et d'autres de confrontation.

Depuis plusieurs années, il accorde également beaucoup de place dans ses créations au lien entre la musique et la danse, à la position du son, du rythme face à la danse, face au mouvement. Une collaboration forte avec son compagnon de route Maxime Denuc lui permet d'éprouver plusieurs principes d'écriture musicale pour accompagner ses pièces : composition musicale électronique en simultané au cœur des répétitions (Généric-X) ; écriture d'une partition basée, comme pour la danse, sur un travail d'improvisation, de propositions, d'échange et de composition avec les musiciennes d'un quatuor à cordes (L'Homme qui plonge) ; création d'une œuvre musicale en amont de la création chorégraphique pour observer un positionnement d’influence de l’œuvre musicale sur l’œuvre chorégraphique (Les Identités remarquables).

Marie Alverde
Ancienne administratrice de production