LES IDENTITÉS REMARQUABLES
Cie Samuel Mathieu
Création 2012
Pièce pour 9 danseurs
Propos
«Est-il dans cette vie une gloire plus grande que de savoir jouer des jambes et des bras ? »
Homère,
Extrait de l’Odyssée
Les Identités Remarquables est dans la continuité de L’Homme qui plonge. Les Identités Remarquables fait partie de l’aventure qui a débuté dans l’exercice du plongeon, détail majeur de l’odyssée inspiré du livre de Pascal Quignard Boutès.
Après cette introspection, ce focus sur ces deux identités que sont Ulysse et Boutès, il est maintenant important d’ouvrir le champs sur un contexte, une situation qui mettrait en scène cette périphérie qu’est l’Odyssée au travers d’un équipage. C’est maintenant l’ensemble de ceux qui n’ont rien vu, de ceux qui n’ont rien entendu, les autres… ceux dont on ne parle pas ou si peu. Ceux qui accompagnent cette épopée, ceux qui la rendent possible, ceux qui, les oreilles emplies de cire, continuent le voyage et permettent à Ulysse d’entendre ces fameuses sirènes…
Il n’est pas dit que ce chant soit beau…
Rencontrer le groupe, créer l’ensemble et faire naître le chœur.
Rompre avec l’évidence d’une chorale harmonieuse et même au contraire rechercher un contrepoint, dans une bascule inattendue de ce que serait le traitement du nombre.
La force qui se dégage du groupe transforme la puissance d’un simple geste en une cathédrale dansée, le chœur. Dans le parti pris dramaturgique, revisiter toutes les formes classiques du ballet convenu, transgresser l’unisson. A chaque fois qu’il surgit et se répète, opérer des bouleversements par la scénographie, la musique, l’individu.
Faire qu’un monument tombe, qu’il laisse entrevoir la vitesse et la chute.
La traduction d’une aisance dans la maîtrise d’exécution d’une partition chorégraphique et, paradoxalement la contrainte d’une écriture provocante, informelle, déstructurée qui sollicite un état d’urgence chez l’interprète, révèle l’intensité de ses fragilités dans la crainte de n’être jamais là au bon temps musical ; une perte des repères habituels, une course effrénée tout en déséquilibre, décalée, bancale. Le dépassement d’un épuisement maîtrisé mettra en lumière une force cynique qui pourrait être à la fois ludique et pathétique.
La solidarité physique du groupe, sa réactivité face aux contraintes d’une virtuosité d’écriture, aux impromptus de la mise en scène, aux débordements musicaux donnera à éprouver autant qu’à voir une universalité résiliente.
J’ose ici, le traitement de l’être à son insu au travers d’un groupe. Je défie la notion d’idée, je mets à distance la dictature du concept qui berce le monde contemporain, tout autant que la trame narrative qui berce le classicisme. Je ne les oublie pas, puisque je m’y réfère dans cette note, mais imagine une éruption émotionnelle de l’intérieur vers l’extérieur dans la confrontation brute à l’outil chorégraphique. Mettre à l’épreuve toute les techniques de danse, confronter tous les courants sans en écarter aucun, c’est oser trouver, dans un langage moderne un autre sens à la virtuosité.
La confiance de l’interprète dans la maîtrise de son outil, corporel, émotionnel, mental, autant que sa mise en danger systématique, le savoir faire du chorégraphe tout autant que son exigence de la recherche du point de rupture ou de fracture, témoigne ici du combat paradoxal de l’esprit écartelé par ses contraires.
Le temps, sa mécanique immuable, sa présence universelle et la soumission qu’elle impose à tout vivant, résistant à toute tentative d’insurrection du groupe creuse singulièrement un contrepoint irrévocable, infaillible, de longévité lié au désir de voir un aboutissement possible autant qu’à l’atrocité d’assister à un achèvement probable.
Distribution
Conception & Chorégraphie : Samuel Mathieu
Créé avec et dansé par : Gilles Baron Lionel Bègue Thomas Demay Fabienne Donnio Cyril Geeroms Tatanka Gombaud Anaïs Replumaz Camille Revol Lauriane Vinatier
Composition Musicale : Maxime Denuc
Création Lumière : Myriam Bertol
Durée : 1h
Photos : Pierre Ricci
Coproducteurs
La création 2012, Les Identités Remarquables, est coproduite par la Scène Nationale d’Albi, le Centre de Développement Chorégraphique Toulouse/Midi-Pyrénées, ainsi que par le Centre Chorégraphique National de Nantes Claude Brumachon – Benjamin Lamarche et le Centre Chorégraphique National Ballet Biarritz Thierry Malandain dans le cadre des accueils studio.
Elle reçoit également le soutien de l'ADAMI et du Conseil Général de l’Aveyron dans le cadre du dispositif d’aide à la résidence de création.
Ce spectacle a été accueilli en résidence de création au Théâtre de la Baleine à Onet le Château et à la Maison de la Musique de Cap Découverte près d’Albi.