FRAU TROFFEA
FRAU TROFFEA

FRAU TROFFEA

Cie Samuel Mathieu

Création nov 2019

Propos

« Strasbourg, été 1518. Dans les rues étroites de la ville et sur les places, des dizaines de personnes dansent frénétiquement au rythme de tambourins, violes et cornemuses. Mais l'atmosphère n'a rien de festif. Les scènes sont même "terrifiantes", écrit l'historien de la médecine John Waller dans The Dancing Plague (éditions Sourcebooks), un ouvrage de référence sur le sujet, paru en 2009.

Les femmes, hommes et enfants atteints de cette étrange "manie dansante" crient, implorent de l'aide, mais ne peuvent s'arrêter. Ils sont en transe. Ils ont "le regard vague ; le visage tourné vers le ciel ; leurs bras et jambes animés de mouvements spasmodiques et fatigués ; leurs chemises, jupes et bas, trempés de sueur, collés à leurs corps émaciés", décrit John Waller. En quelques jours, les cas se multiplient comme se répand un virus, semant la peur et la mort dans la cité alsacienne. Jusqu'à quinze danseurs succomberont chaque jour, selon un témoin de l'époque, victimes de déshydratation ou d'accidents cardio-vasculaires.

C'est une femme, Frau Troffea, qui a ouvert le bal de cette mort dansante, le 14 juillet. Les épidémiologistes d'aujourd'hui la nommeraient "patient zéro", soit le premier individu infecté lors d'une épidémie. »

« Lorsqu'en 1518, les Strasbourgeois se mirent à danser jour et nuit », Le Monde, 28/07/2014

Sandrine Cabut

« Et si le corps prenait la main de l’esprit, si le corps répondait, obéissait aux désirs les plus profonds, si le corps devenait matière d’esprit, une seule entité sans division, un accord parfait, une globalité indissociable, une molécule unissant pensée et corps, un atome. »

Samuel Mathieu

Propos

Saltarines pourrait être une évolution épidémiologique de ce premier volet. Frau Troffea en serait l’origine, la genèse, le patient zéro de l’épopée.

Cette première étape permet une définition esthétique du projet global, la construction d’un propos et le développement d’états de corps pluriels, opposés, harmonieux et contradictoires. Saltarines est le résultat d’une contamination de cette matière développée sur Frau Troffea.

À la fois objet chorégraphique et endroit d’expérimentation, Frau Troffea fait référence au queer. Ce principe d’absence de hiérarchisation entre les genres, Marie-Hélène (désormais Sam) Bourcier, sociologue, chercheure et maître de conférences à l'université Lille III, le développe dans ses travaux de recherche concernant les champs du féminisme : transféminisme, gender studies, trans studies, queer studies, post-colonial studies et porn studies…

Frau Troffea est une pièce-documentaire où pluralité des genres et multiplicité des comportements marginaux viennent questionner les règles, troubler la convenance, provoquer le bien-pensant et rencontrer l’appréhension des différences assumées.

Frau Troffea pose, par son approche, une élaboration d’états de corps des plus sophistiqués aux plus quotidiens, aux plus informels, aux plus abandonnés. Portés au cœur d’une construction singulière, ceux-ci pourront être transformés, puis triturés, et poussés à destruction, révélant à la fois épuisement et libération, délivrance et satisfaction.

Ce sont tout autant le corps et son vocabulaire, les mots et le discours qui donneront un sens subjectif et éphémère, pouvant être contredit et délaissé l’instant d’après. Une succession de contraintes syncopées, une escalade d’attitudes à la fois sincères et surjouées, inachevées et abouties ; un conflit des pensées, des corps, du verbe et de la danse. Une escalade qui offre un rythme évolutif, progressif et incessant, poussant l’interprète et l’idée à l’extérieur de leurs propres limites. L’issue de cette ascension nous mènerait vers l’épure, vers une simplexité des états, une acceptation du genre, sans convenance, sans a priori.

Un objet politique et sociétal qui interroge l’être femme ou homme, hétérosexuel, homosexuel, transsexuel, transgenre, pansexuel, gender fluid… « Un archipel des genres ».

Distribution

Conception et chorégraphie : Samuel Mathieu

Créé avec et dansé par : Martin Mauriès

Création musicale : Maxime Denuc

Création Lumière : Arthur Gueydan

Régie générale : Jean-François Langlois

Photos : Angélique Leyleire

Coproducteurs

Accueil Studio CCN Malandain Ballet Biarritz
Accueil Studio CCN de Roubaix
Accueil Studio CDCN La Place de la Danse
Résidence Lumière Le Bateau Feu Scène nationale de Dunkerque

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